S’il n’y avait qu’un concept à connaitre pour appréhender au mieux la complexité des différences culturelles, ce serait certainement celui de « Paradigme ».
Le paradigme, c’est simplement la façon dont on se représente son environnement, mais derrière ce concept il y a une réalité souvent difficile à admettre : notre propre représentation du monde n’est pas universelle. La façon dont nous interprétons un événement dépend d’une multitude d’éléments qui nous sont propres : notre éducation, notre humeur, nos expériences passées, etc…
ILLUSTRATION DU PARADIGME
L’illustration ci-dessous est proposée par Stephen COVEY dans la première partie de son livre « the 7 Habits of highly efficient people ».
Voici l’exercice :
Si une autre personne vous indique qu’elle y voit une vieille dame, vous remettrez certainement en doute son sens de l’observation
Voici la suite de l’exercice :
Normalement, le fait d’avoir été confronté à l’image de droite doit vous permettre de voir également dans l’image du centre une représentation d’une dame âgée dont la bouche remplace le collier de la jeune fille, son œil l’oreille, etc…
Ce concept illustre efficacement la puissance de l’influence de notre environnement sur l’orientation de la perception d’un évènement.
LE PARADIGME COMME « CARTE ROUTIERE
Stephen Covey, toujours dans la première partie de son livre « The 7 habits of highly efficient People » présente le paradigme comme un « Plan ». Il en fait ainsi un élément essentiel de réussite personnelle car l’adéquation du Plan avec la ville, qui symbolise ici la réalité, conditionnera le succès ou l’échec des actions entreprises. Cette image est très efficace pour comprendre l’importance du concept.
Nous pouvons y ajouter une nuance pour l’extrapoler au domaine des différences culturelles : la ville, symbole de la réalité donc, est beaucoup trop complexe pour un simple Plan cérébral humain, et il serait délicat d’établir que certains individus ont en leur possession le plan exact de la ville. Dans des domaines précis, circonscrits et maitrisable, la « ville » est plus facile à cerner, mais pour des problématiques complexes comme les relations humaines par exemple, nous pouvons considérer que des plans différents peuvent mener à des résultats identiques. Chaque culture a donc son propre plan, sa façon d’appréhender des problématiques complexes qui dépassent l’entendement humain et qui nécessite un « Plan » collectif transmis de génération en génération.
LE PARADIGME EST EN EVOLUTION CONSTANTE
Notre façon de penser n’est pas la même aujourd’hui que lors de nos jeunes années. Le nombre d’expérience s’est multiplié, les connections neuronales se sont développées pour permettre une représentation plus complexe des phénomènes qui nous entourent.
Le premier voyage à l’étranger, qui plus est au sein d’un culture vraiment éloignée de la nôtre, constitue très souvent un bouleversement profond, une prise de recul et une remise en question de l’universalité de nos normes et conditions de vie. Pour schématiser, notre paradigme initial a fait face à de nouvelles situations et s’est donc modifié et complexifié pour prendre en compte les éléments nouveaux afin de les agencer de manière cohérente.
Mais la notion de Paradigme n’est pas circonscrite aux individus et au champ culturel. Dans le domaine scientifique par exemple, la façon de se représenter les phénomènes physiques et cosmologiques évoluent au fil des découvertes et de l’influence de certaines théories. Le fait de considérer la Terre comme ronde et non plate fut un changement célèbre de paradigme propulsé par Galilée et Copernic. Plus proche de nous, la Théorie de la relativité Générale d’Einstein fut un changement colossal de l’interprétation des phénomènes physique et cosmologiques. Rien n’est figé : deux paradigmes sont actuellement explorés pour unifier la Relativité Générale et les phénomènes de la physique Quantique via d’un côté la théorie des cordes et de l’autre celle des boucles.
LE PARADIGME EST SOUMIS A DES INFLUENCES
Si nous pouvons estimer que nos opinions peuvent se forger grâce à un libre arbitre et admettre qu’il n’y a aucune fatalité dans l’influence des facteurs externes comme l’environnement social par exemple, nous sommes cependant forcés de reconnaitre que la façon dont nous nous représentons le monde extérieur dépend de l’organisation de nos connexion neuronale, elles-mêmes façonnées principalement dans nos jeunes années et en fonction d’événements qui deviendrons des références pour le reste de notre vie.
Certes nous pouvons consciemment élaborer des schémas cérébraux développés pour répondre à des situations complexes. Nous pouvons réfléchir et mobiliser un vaste réseau neuronal qui nous donne le sentiment de maitriser nos décisions. Cependant, l’influence des processus subconscients est considérable. Des schémas inconscients et difficiles à modifier sont à l’origine de la majorité de nos actions quotidiennes.
Au niveau culturel, les principales sources d’influence inconsciente sur les comportements de masse sont indéniablement les structures familiales et les croyances collectives matérialisées par les religions. Ces deux thèmes seront développés dans des articles spécifiques, mais il est très important de prendre en compte leur influence dans la constitution d’un paradigme culturel
Si le concept de Paradigme est fluide pour vous, et s’il vous est facile d’admettre que votre jugement est influencé par votre environnement et votre culture, alors vous avez fait un grand pas vers une approche efficace des problématiques de compréhension culturelles. Si vous avez déjà eu l’occasion d’effectuer un séjour immersif sur un autre continent que le vôtre, nul doute que vous avez un coup d’avance